Témoignages

La blockchain au service de la chaîne d'approvisionnement pour une traçabilité des minerais de bout en bout

Octobre 2019

Technologie à la une

Blockchain

Bénéficiaires

Nos fournisseurs partenaires

Notre rôle

Collaboration avec Cisco, SGS, Volkswagen, Minsur et Minespider afin de piloter un protocole blockchain permettant de suivre les minéraux à chaque point de contact tout en protégeant la confidentialité des participants

Appareils Google

Connaissez-vous l'origine de votre étain ?

Ce métal est pratiquement omniprésent dans les secteurs technologique et manufacturier, et constitue un composant essentiel de nombreux produits utilisés au quotidien, y compris ceux de Google. Toutefois, comme pour la plupart des minerais issus de l'exploitation minière, il reste difficile de retracer le parcours de l'étain depuis sa mine d'origine jusqu'aux consommateurs du monde entier, en passant par les fonderies, les producteurs et la chaîne de transport. Un parcours rendu opaque par ses multiples étapes.

En tant qu'entreprise engagée dans l'approvisionnement responsable, Google travaille sur de nouveaux moyens d'assurer la transparence et la traçabilité des minerais sur l'ensemble de la chaîne de valeur, des mineurs jusqu'aux consommateurs. En 2018, nous nous sommes associés à Cisco, SGS, Volkswagen et la société minière péruvienne Minsur, tous membres de l'Initiative des minerais responsables (RMI), afin de lancer un programme de traçabilité de bout en bout.

Dans le cadre d'un projet pilote commun avec la start-up berlinoise Minespider, nous avons mis en place un protocole de blockchain, c'est-à-dire un registre numérique partagé et infalsifiable. Minespider effectue le suivi des minerais à chaque point de contact tout en protégeant la confidentialité des participants.

La première phase du projet porte sur l'étain issu de la mine de San Rafael du groupe Minsur, qui fournit environ 6 % de la production mondiale. Non seulement nous avons recours à la technologie de Minespider pour assurer la traçabilité de l'étain de nos produits jusqu'à sa source de production, mais nous collaborons également avec nos partenaires et échangeons nos connaissances et nos expériences communes tout au long du processus.

"C'est la première fois que tant de leaders mondiaux œuvrent ensemble pour le bien commun dans le cadre d'un projet de traçabilité des minerais", déclare le fondateur de Minespider, Nathan Williams. "Le processus que nous utilisons pourra servir de modèle pour relier l'ensemble du secteur."

La mine de San Rafael au Pérou, propriété du groupe Minsur, fournit 6 % de la production mondiale d'étain.
La mine de San Rafael au Pérou, propriété du groupe Minsur, fournit 6 % de la production mondiale d'étain.

La blockchain s'invite dans les mines

Le manque de visibilité n'est pas nécessairement synonyme de manque d'intérêt. Mieux sensibilisés aux défis liés aux droits de l'homme et à l'écologie, les consommateurs sont devenus de plus en plus exigeants à l'égard des produits qu'ils achètent et des minerais que ceux-ci contiennent.

"Aujourd'hui, l'industrie minière fait l'objet d'une attention toute particulière, comme l'industrie textile 10 ans plus tôt, quand la question du respect des droits de l'homme s'est posée pour la première fois au sujet des ateliers clandestins", explique Nathan Williams. "La différence, c'est qu'à l'époque, l'industrie textile ne disposait pas de la technologie nécessaire pour assurer la traçabilité de bout en bout de la chaîne d'approvisionnement. Grâce à la blockchain, nous sommes désormais en mesure d'offrir ce niveau de transparence."

Les sociétés minières et les fabricants ressentent bien cette urgence. Les mines sont soumises à des centaines d'audits pour répondre aux exigences des clients et des consommateurs, ainsi qu'à des réglementations de plus en plus strictes sur l'approvisionnement responsable et les minerais provenant des zones de conflits armés. Citons, par exemple, la section 1502 de la loi américaine Dodd-Frank, la loi française sur le devoir de vigilance, la loi néerlandaise sur la diligence raisonnable contre le travail des enfants ou encore le nouveau règlement européen sur les minerais provenant des zones de conflit.

De nombreux fournisseurs publient les sources de leurs matières premières dans des documents conçus pour collecter les données des fournisseurs en amont, comme le modèle pour l'établissement de rapports sur les minerais provenant des zones de conflits armés de la Responsible Mineral Initiative. Ils les importent ensuite dans divers outils qui nécessitent des révisions constantes et n'offrent qu'une automatisation limitée. Pour résumer, le respect des réglementations peut être un véritable casse-tête.

"Nous faisons face à des besoins constants d'information", explique Analia Calmell del Solar, responsable des affaires générales chez Minsur. "À l'origine, l'équipe de Minsur a contacté Google pour les besoins d'une certification. Pendant ce processus", ajoute-t-elle, "il est apparu clairement que les mêmes demandes d'informations revenaient souvent. L'équipe de Google a donc consulté Minespider pour savoir si la technologie blockchain pouvait permettre d'alléger le traitement des demandes et des réponses."

Développée pour améliorer la sécurité et la fiabilité des transactions de cryptomonnaies, la technologie de registre distribué de la blockchain permet de créer des rapports vérifiables, infalsifiables et publiquement accessibles.

Développée pour améliorer la sécurité et la fiabilité des transactions de cryptomonnaies, la technologie de registre distribué de la blockchain permet de créer des rapports vérifiables, infalsifiables et publiquement accessibles.

Le protocole public Open Source de Minespider pour l'industrie minière permet d'éviter le risque qu'un acteur important utilise une blockchain privée pour exercer un monopole sur la chaîne mondiale d'approvisionnement en minerais. Le concept de Minespider permet de décentraliser la gouvernance des protocoles tout en assurant la confidentialité des données propriétaires.

Des alpagas se reposent près de la mine d'étain de San Rafael appartenant au groupe Minsur.

D'abord le Pérou, puis le monde

L'étain est considéré comme un minéral dit de "conflit", car il est issu en grande partie d'exploitations minières artisanales situées dans des zones de conflits en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs en Afrique. Alors, pourquoi lancer un projet pilote au Pérou plutôt qu'en RDC, où il est sans doute plus urgent de garantir la traçabilité de ce métal ?

Mener ce projet pilote avec une société minière déjà très engagée sur la transparence représente un bon point de départ. Minsur est le premier groupe de l'industrie de l'étain à participer au Conseil international des mines et des métaux. "Nous sommes fiers d'être les pionniers de cette expérience de traçabilité. C'est l'avenir de l'exploitation minière et des chaînes de valeur qui l'impliquent", déclare Juan Luis Kruger, PDG de Minsur.

La mine de San Rafael qui appartient à Minsur est également la plus grande mine souterraine du monde et la plus riche en étain. Le fait que Minsur approvisionne un grand nombre d'entreprises dans différents secteurs à l'échelle mondiale représente un défi de transparence complexe et intéressant.

"Un grand nombre de projets de blockchain ciblent actuellement des exploitations minières de plus petite taille et à haut risque, plutôt que celles dont les matériaux circulent en grandes quantités", explique Alyssa Newman, responsable du programme Responsible Materials de Google. "Nous avons choisi une mine plus importante, car nous voulions tester le protocole et l'aligner sur les normes du secteur concernant les audits. Cela nous permet également de travailler avec un ensemble plus large de mines industrielles et artisanales à mesure que nous affinons nos outils."

Si le projet pilote produit un modèle capable de répondre à cette complexité, il aura plus de chances de réussir dans les zones à haut risque.

Nous espérons que la traçabilité deviendra la norme plutôt que l'exception et que des systèmes de blockchain seront mis en place aussi bien sur les sites d'exploitation minière à grande échelle que sur les mines artisanales dans le monde entier.

Une invitation à collaborer

Les cinq acteurs du projet pilote constituent un groupe hétéroclite. "Être assis à la même table que Google, Volkswagen, Cisco et SGS lors de nos échanges réguliers est déjà une expérience enrichissante", déclare Analia Calmell del Solar. Malgré cette diversité, nous faisons face à des défis similaires dans tous les domaines.

"Finalement, nous rencontrons tous les mêmes problèmes, mais à des stades différents de la chaîne d'approvisionnement", ajoute-t-elle. "C'est ce qui nous rapproche et ce qui donne son importance à ce projet."

À mesure que nous avançons, nous nous dirigeons vers une collaboration ouverte à laquelle tout acteur du secteur peut participer pour créer davantage de traçabilité dans l'ensemble de l'industrie minière et minérale.

"Notre objectif final n'est pas seulement d'utiliser ce protocole de traçabilité des minerais dans notre propre chaîne d'approvisionnement, mais de le rendre accessible à tous les acteurs du secteur et aux citoyens qui s'intéressent à l'origine des matériaux utilisés dans leurs produits, ainsi qu'à leur impact sur les droits de l'homme", déclare Alyssa Newman. "Cette collaboration vise à assurer la transparence pour toutes les parties concernées."